L'histoire du coton
Le coton est la fibre naturelle la plus utilisée dans le monde de l’industrie textile. Elle est présente partout chez nous, et surtout sur nous et ce, depuis plusieurs milliers d’années. En effet, la plus ancienne trace écrite que l’on connaisse parle du coton indien. Le Rig-Veda, écrit en 1 500 av. J.-C (collection d’hymnes de louanges de l’Inde antique, fait partie des quatre grands textes canoniques de l’hindouisme, merci Wikipédia) mentionne le coton.
Et mille ans plus tard, le grec Hérodote mentionne le coton indien dans ses écrits : « Les Indiens ont une sorte de plante qui produit, au lieu de fruits, de la laine plus belle et plus douce que celle des moutons ; ils en font leurs vêtements ».
Les Amérindiens le cultivent depuis le début du Moyen-Âge et les Chinois depuis le IXe siècle.
Au Xe siècle, la Syrie est la première région cotonnière du monde musulman. Elle produit des toiles de Damas (soie brochée sur une trame de coton) et de la mousseline de coton. À la fin du XVe siècle, le Portugal introduit le coton sur les côtes d’Afrique Occidentale lors de l’implantation de comptoirs maritimes (Angola, Congo).
En Europe, il faut attendre le début du XVIIe siècle pour que des bateaux anglais reviennent d’Inde les cales remplies d’étoffes légères, confortables et faciles à laver. Le « Vieux Continent » adopte immédiatement ces « indiennes de coton » colorées, très différentes des rugueux tissus de laine et de chanvre produits à l’époque.
L’engouement pour cette nouvelle fibre provoque une «ruée vers le coton» qui dure plusieurs siècles. Longtemps favorisé par le colonialisme et l’esclavage, le marché se développe et le coton s’importe massivement en Europe. L’Angleterre est la première à concevoir des technologies compétitives qui facilitent la transformation du coton brut. Ainsi, l’industrie textile se mécanise et devient un secteur-clé de la Révolution industrielle.
C’est à Manchester, en 1641, que la première filature cotonnière voit le jour. Précision : on entend par filature, les procédés de transformation permettant d’obtenir un fil à partir de la matière brute. Rien à voir avec de quelconque techniques d’espionnage…
La culture conventionnelle du coton
Certaines espèces de cotonnier se présentent sous la forme d’une plante herbacée annuelle (1 à 2 mètres de hauteur), d’autres d’un arbuste ligneux pouvant atteindre 5 à 6 m de hauteur à l’état sauvage. Le cotonnier abonde dans les régions chaudes et humides, où il ne supporte pas les températures inférieures à 5°C. Pour se développer, il a besoin de beaucoup d’eau, puis d’un temps sec pour favoriser l’ouverture de ses capsules. Environ 60 % des régions productrices de coton s’appuient sur une culture pluviale.
Cependant, dans les régions de la planète au climat plus aride, les champs de coton doivent être irrigués afin de compenser le manque de précipitations. Ces régions représentent moins de la moitié des surfaces cultivées, mais assurent 75 % de la production mondiale.
Le coton résistant mal à certaines maladies (virus, bactéries, champignons, insectes…), il nécessite l’emploi de grandes quantités d’engrais, insecticides, pesticides et herbicides. Pour réduire l’utilisation de ces produits et augmenter le rendement des exploitations (+ 50 % en 20 ans), certaines variétés de coton transgénique particulièrement résistantes sont alors sélectionnées. Actuellement, on estime que 30 à 50 % des cotonniers plantés sont génétiquement modifiés.
Au fil du temps, les variétés de coton blanc se sont imposées, étant plus facile à teindre. Mais il existe encore de nombreuses variétés de coton naturellement colorées dans des nuances de brun, vert, parme, jaune (cotonnier de Kiangham, Chine) ou rouge (cotonniers des forêts du Brésil). Ces variétés permettent de produire des textiles parfaitement bien tolérés par les peaux allergiques. Le coton naturellement coloré est pourtant peu cultivé car ses inconvénients sont incompatibles avec le développement du marché (fibres courtes et difficiles à exploiter, couleur instable, peu de coloris) et son coût de production reste élevé.
Les alternatives au coton traditionnel
La production de coton biologique est apparue à la fin des années 1980 en réaction à la culture intensive de coton, reconnue comme étant extrêmement polluante. Le coton labellisé bio est cultivé et produit dans le respect des exigences de l’agriculture biologique, c’est-à-dire sans engrais chimiques, pesticides ou semences OGM. Pour obtenir la certification «coton biologique», il y a plusieurs critères à respecter.
Les critères retenus concernent le mode de culture (gestion écologique des sols) et la transformation du coton (traitement écologique des fibres). Aujourd’hui, 19 pays produisent du coton biologique, mais cela représente seulement moins de 1 % de la production mondiale de coton (0,7 %) (d’après textile exchange).
Même si toutes les marques du monde se décidaient à produire tout en coton bio, ce ne serait pas possible. Des statistiques et des études montrent que la Terre ne pourrait pas produire beaucoup plus de 12% du coton mondial en agriculture biologique. Pourquoi ? Car pour répondre à la demande mondiale actuelle, des déserts ont été reconvertis en champs de coton conventionnel dans lesquels les conditions climatiques et/ou des insectes nécessitent des traitements chimiques.
On recense 7 catégories de coton (en plus du coton conventionnel), que je vous partage ici, si jamais ça vous intéresse dans apprendre plus :
- Le coton BCI (Better Cotton Initiative) :
Le coton BCI est considéré comme durable par certains, mais il est important de noter qu’il s’agit en réalité de coton conventionnel, souvent cultivé avec des organismes génétiquement modifiés et des produits chimiques tels que des engrais, des pesticides et des insecticides. Bien que le label BCI garantisse une gestion raisonnable de l’utilisation de ces produits chimiques avec des mesures de protection pour les agriculteurs, ainsi qu’une irrigation manuelle mais contrôlée, il est important de souligner que le coton BCI n’est pas comparable au coton bio et ne peut être considéré comme une option véritablement durable. Toutefois, pour les 88% environ de coton conventionnel qui nécessitent toujours des traitements chimiques, le coton BCI demeure la meilleure option disponible. Bien que cela soit mieux que rien, il est important de noter que cette option est encore loin d’être du bio - Le coton bio non-certifié :
Malheureusement, le coton bio non-certifié est souvent une fausse promesse. Les données collectées par des organismes officiels sur la culture, la production et les ventes de produits en coton bio dans le monde entier montrent depuis de nombreuses années que la somme des déclarations de ventes de produits en coton bio dans le monde dépasse largement celle de la production. Il est donc évident que lorsqu’une marque vend des produits en coton bio non-certifiés, il y a de fortes chances que leur coton ne soit pas réellement du coton bio. Même lorsque la certification prétend garantir la qualité du produit jusqu’au tissu, cela ne signifie pas nécessairement que le coton utilisé est véritablement bio, car cela ne garantit pas l’existence d’un certificat de transaction entre tous les acteurs de la chaîne de valeur. Malheureusement, il est courant que les producteurs prétendent utiliser du coton bio, alors qu’en réalité, ils n’en utilisent pas. Pour garantir une véritable traçabilité et un produit fabriqué avec du vrai coton bio, il est donc essentiel que toutes les étapes soient certifiées. Il convient également de noter que les petites marques qui n’ont pas les moyens de se payer le processus de certification choisissent souvent le coton bio non-certifié par défaut. Les grandes marques de fast fashion prétendent également souvent vendre des produits en coton bio, mais sans certification.
- Le coton en transition (ou coton en conversion):
Le coton en transition, également appelé en conversion, est du coton biologique cultivé sur des terres agricoles depuis moins de trois ans, en transition vers une agriculture biologique. Les terres doivent être cultivées sans l’utilisation de produits chimiques tels que les engrais, pesticides et insecticides pendant trois ans pour se nettoyer de la toxicité des produits chimiques (aux États-Unis, cela est obligatoire, mais l’Europe exige seulement deux ans). Certaines marques choisissent le coton bio en transition car son coût est équivalent à celui du coton conventionnel non certifié, tout en étant cultivé en respectant les principes de l’agriculture biologique à 100%. Le coton en transition est un passage obligé pour tout agriculteur qui prend conscience de l’importance de l’agriculture biologique. En somme, sans le coton en transition, le coton bio ne pourrait pas exister. - Le coton bio certifié OCS (Organic Content Standard) :
Le label OCS ou certification Organic Content Standard garantit que le coton a été cultivé sans l’utilisation d’OGM ni de produits chimiques tels que les engrais, les pesticides et les insecticides, et qu’il peut être retracé depuis les champs de coton jusqu’au client final. Bien que cela puisse sembler limité, c’est déjà un grand pas en avant pour la transparence et la durabilité de l’industrie du coton. - Le coton bio certifié GOTS (Global Organic Cotton Standard) :
La certification GOTS assure les mêmes critères que la certification OCS : pas d’OGM, pas de produits chimiques et une traçabilité du champ de coton au client final. Cependant, GOTS va plus loin en garantissant une gestion raisonnée de l’eau pour l’irrigation, le respect des conditions sociales de travail basées sur les principes de l’OIT, et l’absence totale de produits toxiques dans les produits finis certifiés GOTS, y compris lors des différentes étapes de production. De plus, GOTS est la seule certification qui demande aux marques certifiées de fournir des rapports de tests de laboratoire prouvant qu’il n’y a pas de traces d’OGM, de pesticides ou d’autres produits chimiques toxiques dans les cotons utilisés. Bien que ces tests soient compliqués et coûteux, ils sont essentiels pour garantir que le coton est naturel et inoffensif. En somme, la certification GOTS est considérée comme la meilleure certification de coton bio disponible. - Le coton CmiA (Cotton made in Africa) :
Le coton CmiA (Cotton made in Africa) est un coton produit en Afrique, qui englobe les aspects écologiques, sociaux et économiques de la culture et de la transformation du coton. Récemment, CmiA a étendu sa certification en proposant une version biologique, CmiA-Organic, qui répond aux normes de certification GOTS. Ainsi, lorsque des produits en coton sont fabriqués en Afrique avec du coton africain, ils constituent la meilleure alternative, garantissant des pratiques de production responsables et respectueuses de l’environnement, des conditions de travail justes et équitables pour les travailleurs, ainsi qu’une traçabilité complète depuis les champs de coton jusqu’au produit final. - Le coton Fairtrade et/ou bio et Fairtrad :
Le coton Fairtrade est cultivé par des agriculteurs certifiés Fairtrade au sein de leur coopérative agricole. En choisissant cette option, ils reçoivent un prix « premium » pour chaque kilo de coton Fairtrade vendu à une marque certifiée Fairtrade. Le prix premium Fairtrade est calculé par Fairtrade International pour chaque pays en fonction du coût de la vie, dans le but d’offrir un revenu équitable et suffisant pour vivre dignement si 100 % de leur production était achetée au prix équitable de Fairtrade.
Une initiative française
Avant de clore cet article, je tenais à vous partager une information peu répandue. En 2017, trois agriculteurs dans le Gers ont pris un pari audacieux en décidant de cultiver du coton sur leurs terres. Le climat local n’est pas du tout adapté pour la culture du coton, mais ils ont décidé de relever le défi. Les résultats ont dépassé leurs attentes, car la première récolte a produit 100 kg de coton. Aujourd’hui, ces trois agriculteurs disposent d’une parcelle de coton de 12 hectares, la seule en France, qui est cultivée sans irrigation ni pesticides.
Le coton récolté est utilisé pour fabriquer des t-shirts et des polos de la marque Jean fils (on apprécie le jeu de mot – j’enfile). Après la récolte, le coton est envoyé à Troyes pour être tricoté et teinté avant d’être assemblé dans les Landes. Contrairement à la plupart des t-shirts qui parcourent environ 65 000 km avant d’arriver dans l’armoire du consommateur français, le coton de Jean fils parcourt seulement 2 400 km. C’est une avancée significative vers une production de coton plus locale et durable. Un grand bravo à ces agriculteurs du Gers qui ont réussi à faire pousser une culture difficile et à créer une filière de production locale de coton !
Propriétés du coton
Le coton possède une propriété particulière qui le rend très absorbant. Cette fibre végétale peut absorber jusqu’à 8,5% de son poids en eau, ce qui en fait un matériau idéal pour les serviettes de bain.
En plus de son pouvoir absorbant, le coton est également un excellent isolant. En grattant sa surface pour la rendre pelucheuse, la matière retient l’air chaud. On comprend pourquoi les vêtements de sport et les sweats posssède une fine couche en coton «moelleux ». Cette caractéristique les rend chauds et confortables.
Egalement, le coton est résistant aux hautes températures et peut être repassé avec un fer très chaud. Toutefois, il est important de ne pas laver un textile en coton à une température trop élevée pour éviter toute déformation du tissu.
Conclusion
En conclusion, le coton est une matière naturelle d’origine végétale, agréable à porter, mais dont l’exploitation industrielle a eu un impact important sur l’environnement. La culture du coton nécessite beaucoup d’eau et de pesticides, ce qui peut entraîner une pollution des sols et des eaux. Toutefois, grâce à l’apparition de différents labels et certifications, il est désormais possible d’acheter du coton issu de cultures plus respectueuses de la planète. Des labels tels que GOTS, OCS, CmiA et Fairtrade certifient que le coton est cultivé sans OGM, sans produits chimiques toxiques, avec une gestion raisonnée de l’eau et des conditions sociales et de travail équitables pour les producteurs.
En optant pour des textiles en coton bio et équitable, il est possible de faire des choix plus conscients et responsables, contribuant ainsi à protéger notre planète tout en soutenant les producteurs locaux et leur communauté.
En tant que créatrice de contenu, je suis passionnée par ce que je fais et je suis ravie de pouvoir partager mes connaissances et mon expertise avec vous. Cependant, pour continuer à produire un contenu de qualité et à vous offrir une expérience optimale, j’ai besoin de votre soutien.
En devenant une de mes donatrices, vous contribuez à m’aider à continuer à créer du contenu intéressant, à améliorer la qualité de mes vidéos et de mes articles, et à investir dans de nouveaux équipements afin d’améliorer mon travail.
Votre soutien me permet également de consacrer plus de temps à cette activité, afin de créer du contenu encore plus passionnant pour vous. Car j’aime beaucoup ce que je fais et je ne pourrais pas continuer à faire ce que j’aime sans vous.
Pour me soutenir, vous pouvez m’offrir un café en cliquant sur le bouton ci-dessous !