Le lin au pays des Pharaons
En Egypte le lin symbolisait la pureté et la lumière divine, il était représenté par la déesse Iris. Pour rester pur, les prêtres ne devaient se vêtir que de lin. On recouvrait le corps des défunts de toutes couches sociales avec un linceul de lin, considéré comme éternel.
On a d’ailleurs trouvé du lin sur des momies de 6000 ans avant JC, où certaines momies de pharaons étaient enroulées de 1000 m de bandelettes de lin.
Les égyptiens avaient un savoir-faire inégalable, de très haut niveau dans l’art de cultiver, de filer et de tisser qui serait encore inimitable aujourd’hui. Les textures des tissus étaient variées, d’une grande délicatesse avec des fils extrêmement fins. On raconte qu’on pouvait insérer dans l’anneau d’une bague une tunique égyptienne : il se disait qu’elles étaient tissées d’air.
Se savoir-faire avait évidemment un coût : les riches se différenciaient alors des pauvres par la finesse du tissu
Des vestiges de lin en Europe
Le caractère sacré et religieux du lin s’est aussi répandu de l’Orient vers l’Europe. Les druides étaient habillés de lin au Moyen Age et on recouvrait aussi le corps des défunts de linceul de lin.
Malgré la suprématie de l’Egypte, ce n’est pas sur ces terres que l’on a trouvé les vestiges les plus anciens, mais en Europe. C’est en effet en Suisse où l’on a découvert du fil, des graines, du tissu, des cordes qui datent de 8 000 ans avant JC. Les habitants des cités lacustres vivaient sur l’eau, dans des huttes bâties sur pilotis qui se sont écroulées. Les débris trouvés ont été conservés par la vase.
Plusieurs morceaux de toile raffinée de plus de 3 000 ans ont aussi été retrouvés dans le Caucase (un centre linier important), l’Irlande, l’Ecosse, la Suède ou le Danemark . Pour les chercheurs, l’organisation de la culture linière en Europe laisse à penser que le lin devait exister bien avant.
Les archéologues nous amènent à 36 000 ans avant JC, avec un fragment de fibres trouvé en Georgie. Un fragment malgré tout contesté par certains chercheurs. Néanmoins les anthropologues sont tous d’accord pour le dater de 10 000 à 15 000 ans avant JC.
Le lin, matière naturelle détrônée
Pendant les invasions barbares entre le IIIe et le VIe siècle, le lin disparait quasiment. Il revient progressivement jusqu’au VIIIe siècle où Charlemagne encourage son artisanat. Au XIe siècle il devient essentiel en France pour pallier à la lèpre.
Le manque d’hygiène, mélangé à la laine mal nettoyée, faisait que les sécrétions du mouton se mêlaient à la sueur de l’homme, provoquant ainsi des maladies aussi graves que la lèpre. Les anciens dans l’Antiquité l’avait bien compris : le lin est une fibre saine. Aujourd’hui, on est capable d’affirmer que le lin a des propriétés hypoallergénique (qui minimise les risques d’allergie), antifongique (qui détruit les champignons microscopiques ou empêche leur développement) et antibactérien (qui empêche le développement des bactéries).
Cependant, le lin finit par se faire détrôner par le coton. Il n’était pourtant pas menaçant, puisqu’il se vendait tranquillement depuis le XIVe siècle. Mais c’était sans compter sur la révolution industrielle : en 1780 Richard Arkwright met au point une machine qui va filer les fibres courtes du coton en un fil long et commercialisable.
Le déclin commence alors pour le lin, et s’accélère lorsqu’une décennie plus tard, en 1793 les Etats-Unis inventent une égreneuse pour trier le coton, ce qui va faire chuter fortement son prix. Les transports maritimes et ferroviaires en plein essor n’ont plus qu’à l’acheminer à travers le monde.
Dès lors les meilleurs tisseurs d’Europe vont tisser principalement du coton au détriment du lin…
Néanmoins au milieu du XIXe siècle, la guerre de sécession en Amérique prive l’Europe du coton et va marquer un petit retour des métiers liniers qui peinent encore sur la fin du siècle. La raison est que son prix reste très élevé par rapport à son concurrent.
La culture linière exige énormément de soins et de connaissances. Inusable et reconnu de qualité bien supérieure au coton, il nécessite cependant beaucoup de travail.
La culture et de transformation étant resté sensiblement le même que dans l’Antiquité, il est alors considéré comme un produit de luxe.
La récolte du lin
Le lin est la championne des fibres écologiques ! En effet, pendant sa pousse, sa culture demande très peu d’engrais et grâce à ses très longues racines, il n’a pas besoin d’irrigation. C’est une plante résistante qui a aussi besoin de 5 fois moins de pesticides que le coton. Et comme on utilise toute la plante, après ramassage, la terre est propre et sans déchets laissés au sol.
Les côtes humides de Picardie, Normandie, Bretagne et du Pas–de–Calais sont particulièrement adaptées à la culture du lin.
Les semis
Les semis du lin ont lieu généralement entre le 1er et le 30 avril en fonction des conditions climatiques. Les graines sont alors semées à travers les champs, on compte entre 1500 et 1600 pousses par mètre carré.
C’est cette densité qui permet de garder le meilleur rapport entre le rendement et la qualité des fibres.
La plante met une centaine de jour à atteindre la levée. C’est à cet instant que le lin est le plus vulnérable aux caprices de mère nature.
Elle pourra monter à une hauteur de 1,20m et développer des racines jusqu’à 1,5m de profondeur.
La floraison
Les fleurs de lin ne sont qu’éphémères. Lors de la floraison, leur durée de vie n’excède pas quelques heures. La floraison à lieu généralement aux alentours de mi–juin, les champs de lin acquiert alors une magique couleur bleutée. C’est à cette étape que les fibres de lin atteignent leur taille maximale.
L'arrachage
C’est durant cette phase que les liniculteurs arrachent les fibres de lin de la terre. Il est préférable d’arracher plutôt que de couper pour ainsi préserver au mieux les fibres présentent dans la partie basse des tiges.
On commence l’arrachage des plantes 5 semaines après la floraison donc durant le mois de juillet. Le lin est prêt à être arraché quand on distingue le jaunissement sur toute la tige et la chute des feuilles sur le tiers de celle-ci. Une fois les tiges arrachées, elles sont ensuite déposées en andain sur le sol.
Le rouissage
Le rouissage se déroule de juillet à septembre. Il a pour objectif de faciliter l’extraction des fibres de la plante. C’est avec l’alternance de la pluie et du soleil que le lin va commencer à rouillir, les micro-organismes présents dans le sol vont agir sur les tiges de lin.
Le liniculteur doit faire très attention de ne pas laisser trop rouillir le lin sous peine d’avoir des fibres de trop mauvaise qualité. Il doit les laisser également suffisamment longtemps pour que lin puisse être teillé par la suite.
Cette étape peut durer de 2 semaines à 3 mois en fonction des conditions climatiques.
Afin d’obtenir un rouissage homogène, il est nécessaire de retourner le lin. Une fois l’opération de rouissage terminée, les andains de lin sont enroulés en ballots de pailles.
Le teillage
Le teillage consiste à extraire les fibres qui se trouvent dans l’enveloppe de la tige en bois. Pour cela, rien de mieux que de battre les plantes.
Arrivées à l’usine, les fibres sont ensuite triées et peignées, c’est à dire qu’elles sont étirées sous forme de rubans afin d’être filées… ce ruban devient alors une mèche, puis un fil !
Le retour du lin en France
Au milieu des années 1990, l’industrie du textile est en pleine crise. Pour redresser les comptes et diminuer les coûts de production, des postes sont alors supprimés et les entreprises sont délocalisées. Les filatures françaises ferment une à une. Alors, pour sauver leurs entreprises, les dirigeants font le choix de la délocalisation et partent s’installer en Pologne.
Seize années après avoir été contraint de fermer les portes de la dernière filature de lin en France, un espoir resurgit. En 2022, pièce après pièce, des ouvriers polonais et français travaillent main dans la main. Ils s’attèlent à remonter un mécano géant, car les machines reviennent de loin. En effet, 16 ans après avoir délocalisé, les machines font le voyage inverse et l’entreprise française Safilin implante la première filature de lin en France. Et… dans le Nord !(c’est ché mi !)
En choisissant de s’installer à Béthune, Safilin veut contribuer à « la redynamisation d’un territoire d’industrie qui se caractérise par une richesse d’entreprises performantes et engagées »
Avec une capacité annuelle de 380 tonnes, Safilin répond à la demande de consommer plus local et éco-responsable. La gamme de fils filés en France répond aux différents usages du lin: pour l’habillement et le linge de maison, mais également pour les tissus d’ameublement et de décoration.
On peut alors espérer trouver des étoffes dans les magasins de tissus, avec du lin cultivé et transformé dans la région des Hauts-de-France !
Propriétés du lin
Le lin est hypoallergénique, antifongique et antibactérien. Il correspond parfaitement aux peaux sensibles. D’ailleurs, ses propriétés apaisantes sont même recommandées pour les personnes souffrant d’affections cutanées.
Isolant naturel, il offre du confort thermique. En hiver, le lin régule la température du corps sans irriter la peau. En été, le lin est respirant, apporte de la fraîcheur et peut absorber jusqu’à 20 % d’humidité. D’ailleurs, si vous n’avez jamais testé : je vous conseille d’investir dans une parure de lit en lin. C’est certes un peu couteux, mais vous passerez vos meilleurs nuits, en été comme en hiver !
Très résistant, le lin est gage de durabilité, et comme un bon vin, il se bonifie avec le temps. Là où le coton perd en tenue et en qualité, le lin gagne en souplesse et en beauté.
Il ne se déforme pas et ne peluche pas. Cela contribue à la longévité de sa garde-robe et convient parfaitement au linge de maison et aux tissus d’ameublement.
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